Hebdomadaire Nigérien d'Analyses et d'Informations Générales

Exposition-photos au CCFN de Niamey : A la découverte de la beauté

II est 11 heures au Centre culturel franco-nigérien (CCFN) Jean Rouch de Niamey. Pas une très grande affluence certes mais depuis le 11 mai, cet espace culturel vit au rythme d'une importante exposition-photos qui prendra fin le 31 août 2018.

« Peul Fiction », une initiative du photographe mozambicain expatrié au Niger Nonùlo Elson Wetela alias Momomo, bat son plein. Cette fiction photographique onirique autour des peuls Woddabe est une invite à la découverte, un peu de soi et des autres, selon son initiateur.

Dans le grand hall d’exposition du CCFN, au centre-ville de la capitale Niamey, l’homme qui a « tout de suite été attiré par le style, le côté fashion des peuls » nous amène à une petite promenade culturelle dans une contrée nigérienne, en plein cœur du peuple nomade Wad-dabe très pris par « l’envie d’être beau à l’extrême ».

Ce projet ethno-photogra-phique met en exergue le savoir-faire, l’art de vivre de la communauté Waddabe, notamment l’artisanat, l’art culinaire, l’art de la vêture et de la parure, les fêtes, chants et danses qui les ponctuent.

A l’entrée de la salle, à droite, une série de 14 photos, toutes prises à la cure salée 2017 à Ingall, dans la région d’Aga-dez, plus importante rencontre culturelle annuelle des peuls nomades Woddabe et de Touaregs, accueille les visiteurs.

Avec un regard digne d’un étranger mais complice, le DJ, producteur et designer, Wetela, découvre que si « Dans les autres cultures en Afrique, l’élégance masculine est le plus souvent liée à celle du guerrier. Chez les peuls, elle ne vient pas de la force brutale mais de la beauté ».

Avec la qualité de la lumière, le cadrage, la sensibilité de la pellicule, la prise de vue, le développement et le tirage sur papier, Nonùlo va à la découverte de la beauté du peulh Woddabe que beaucoup d’artistes de son genre n’ont pas eu la chance de détecter. L’artiste lâche et partage avec le public « Leydi » (terre, sol, territoire, pays, planète) ; « Debbo yardindo » (très très belle fille) ; « Ngol yiite » (passage du feu) ; « Mogaasa » (celle qui possède les cheveux) ; « Wodde » (beauté) ainsi que plusieurs autres photos sur la fête Guérouel, soigneusement alignées pour donner aux visiteurs, surtout les plus cu-o; rieux, une plus grande o occasion d’apprécier la beauté naturelle aussi bien chez l’homme que la femme peuls Woddabe.

Pour joindre l’utile à l’agréable, Wetela a, dans le même coin, choisi intelligemment d’exhiber, côte à côte, l’habitat et le mode de vie, les objets d’art culinaire et de ménage comme calebasses ornées et vanniers, miroir, ainsi que laccoutrement de ce peuple très attaché à sa culture pour donner plus de vigueur et plus de sens à la symbolique.

Les images choisies gardent l’essence des moments partagés et véritablement « donnés » par les modèles mais retravaillées en noir et blanc et en couleur pour prendre de la distance avec une vision purement documentaire. Un montage vidéo « Les enfants du soleil » accompagne les photographies ainsi qu’une scénographie qui met en scène les objets et symboles emblématiques de la culture peule nomade.

Un rendez-vous culturel si captivant et assez instructif pour ceux qui ont soif de connaître un peu sur ce peuple très attaché à sa culture mais surtout très affecté par la folle envie de se faire beau.

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