Hebdomadaire Nigérien d'Analyses et d'Informations Générales

 

L’ancien président du Niger qui participe comme invité, à une rencontre des ministres européens en charge du Développement le lundi 7 mars 2022, a plaidé pour le financement de la grande muraille verte en marge de la rencontre. Les échanges ont porté sur la grande muraille verte, le climat et la biodiversité entre autres. Déjà, lord du sommet Afrique-Europe du 17 février à Bruxelles Mahamadou Issoufou Champion de la Grande Muraille verte a lancé un appel en faveur de la relance de ce grand projet sahélien.
Initiée il y a une quinzaine d'années (en 2007) pour lutter contre la désertification dans le Sahel, "la grande muraille verte", végétation de 8 000 km s’étendant du Sénégal à l’Éthiopie, reste encore embryonnaire. C’est une initiative de plusieurs pays africains qui peine à être réalisée. Pourtant, selon ses partisans, la "grande muraille verte" pourrait permettre non seulement de lutter contre la désertification mais aussi de créer de l'emploi grâce à une mosaïque de projets agricoles respectueux de l'environnement et de la biodiversité.


Le changement climatique et la perte de biodiversité sont parmi les plus grandes menaces mondiales auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui. La biodiversité est le fondement sur lequel reposent l’agriculture, l’approvisionnement en eau et la régulation du climat. Mais, selon des études publiées l’année dernière, elle est tombée, au niveau mondial, en dessous de la « limite de sécurité » à partir de laquelle les écosystèmes ont du mal à fonctionner correctement. La dégradation des sols dans le Sahel en est un excellent exemple. Elle met en péril la sécurité alimentaire, hydrique et énergétique, et accroît les inégalités sociales, les conflits autour des terres et des ressources ainsi que les migrations forcées.
Des voix pour le financement du projet
En marge du Sommet Europe-Afrique, en février dernier, le président français Emmanuel Macron a annoncé une enveloppe de plus de 14 milliards de dollars pour donner un coup d'accélérateur à ce grand projet panafricain.
Un soutien de 14,3 milliards de dollars (11,8 milliards d'euros) sur cinq ans (2021-2025) a été annoncé lors de la quatrième édition du "One Planet Summit" consacrée à la biodiversité, avec la participation d'une trentaine de personnalités, la plupart en visioconférence pour préparer véritablement l’Afrique de 2030, ce projet permettra de restaurer 100 millions d'hectares, de créer 10 millions d’emplois et 250 millions de tonnes de carbone séquestrées. C'est aussi, par cette initiative, la capacité pour l'Afrique à montrer qu'elle est un acteur de la lutte contre le réchauffement climatique.
Avec ces ressources financières, le projet de la grande muraille verte pourrait inciter une profonde transformation de la région. Après avoir été élaborée comme un projet visant à planter des millions d’arbres en bordure du Sahara, la grande muraille verte adopte désormais une approche réfléchie, en mosaïque, adoptée au contexte local et qui reconnait l’importance des connaissances et expertises humaines. Dotée d’une capacité financière et d’une approche plus intégrée, la grande muraille verte pourrait devenir totalement transformatrice pour la région et contribuer au développement rapide d’initiatives locales.
Prendre le taureau par les cormes
Des nombreux pays de la région ont commencé à connaitre l’importance de la régénérer leurs terres fortement dégradées, notamment dans le cadre de leurs contributions déterminées au niveau National (NDCs) comme convenu lors de l’accord Climatique de Paris en 2015.
Certains pays, comme le Niger, sont allés beaucoup plus loin et ont commencé à clarifier les droits liés au foncier et aux arbres, contribuant ainsi aux efforts liés à la restauration des terres.
Un des défis en 2022, entre l’Afrique et l’Europe est de supporter cet important engagement financier envers la grande muraille verte. Il passe par l’élaboration des politiques adéquates, en encourageant des initiatives à plusieurs échelles, et en soutenant des actions concrètes pour restaurer les paysages du Sahel et leurs productivités.
La clé sera de tirer les leçons des initiatives ayant démontré des résultats satisfaisants à travers le Sahel, où un cercle vertueux de régénération entre les arbres, sols, biomasses et ressources hydriques aura permis d’augmenter la fertilité et les rendements de la terre ainsi que de renforcer les moyens de subsistance des populations, grâce à une gouvernance locale solide.
Des exemples d’approches holistiques ont permis de transformer avec succès des paysages au Niger, Sénégal, Burkina Faso, Mali, Soudan, Éthiopie et ailleurs.
Dans chaque cas, l’amélioration du régime foncier et de la gouvernance, généralement soutenue par une assistance technique ciblée, a encouragé la régénération des arbres et une meilleure gestion du pâturage, inversant rapidement la dégradation des terres et stimulant leurs productivités.
Ce processus permet la mise en place d’un cercle vertueux de développement : les agriculteurs et les éleveurs se sentent suffisamment confiant pour investir dans leurs terres et exploitations et pour cultiver de nouveaux produits. Cela génère des emplois dans le secteur de l’agriculture et au-delà, encouragent les jeunes à rester auprès de leurs communautés et de les aider à se développer.
Parallèlement au travail acharné des agriculteurs et populations locales, les gouvernements doivent également investir dans des infrastructures publiques, les routes et une meilleure couverture télécoms, ainsi que dans les services essentiels de santé et d’éducation. Contrairement à l’impact très mitigé des investissements agricoles à grande échelle dans la région, les bénéfices de ces investissements institutionnels, techniques et économiques dans les communautés locales sont souvent bien plus positifs.
Les gouvernements du Sahel doivent démontrer à leurs populations qu’ils sont capables d’écouter, d’apprendre et de soutenir les priorités des populations locales. Le moment est venu de redonner vie aux terres, pâturages et paysages ainsi que de contribuer aux moyens de subsistance des pays du Sahel. Dans ce cadre, les partenaires stratégiques, y compris l’Union Européenne, doivent démontrer qu’ils peuvent se mobiliser pour soutenir un programme d’action collectif pour mettre le Sahel sur la voie de la prospérité selon ‘‘un rapport intitulé bâtissons ensemble la grande muraille verte et relevons les défis du Sahel’’.

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