Hebdomadaire Nigérien d'Analyses et d'Informations Générales

La Sous-Secrétaire générale des Nations Unies pour l’Afrique, a regretté, mercredi, devant le Conseil de sécurité, la décision des autorités de transition du Mali de se retirer du G5 Sahel et de sa Force conjointe, alors que le contexte sécuritaire dans la région ne cesse de se dégrader. Martha Ama Akyaa Pobee a prévenu qu’il s’agit très certainement d’un recul pour le Sahel, un avis partagé par la plupart des délégations, à l’exception de la Fédération de Russie qui a qualifié cette décision de « logique ».
Dans son propos, Mme Pobee a rappelé que cette Force a été créée en 2017 par les Chefs d’Etat du G5 Sahel sur la foi d’une vision commune et de la volonté de prendre leur destin en mains face au terrorisme dans le Sahel. La décision du Mali est « inopportune et regrettable », a-t-elle dit, tout en notant que les conséquences de cette décision ne peuvent pas encore être appréciées. La haute fonctionnaire a également prévenu que les résultats incertains des transitions au Mali et au Burkina Faso ont d’ores et déjà affecté l’opérationnalisation de la Force conjointe, qui s’est considérablement ralentie, relevant en outre que le G5 Sahel ne s’est pas réuni à un haut niveau politique depuis novembre 2021


La situation sécuritaire s'est aggravée
Selon la Sous-Secrétaire générale, depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur le Sahel, la situation sécuritaire dans la région s'est aggravée.
« Le terrorisme et l'insécurité continuent de se propager, dévastant la vie de millions de personnes. Les civils sont souvent les principales victimes des actes terroristes. Les souffrances et les pertes que subissent les populations civiles aux mains des groupes terroristes sont indescriptibles », a déclaré Mme Pobee.
« L'insécurité alimentaire, les fermetures d'écoles, la désintégration de communautés entières sont les conséquences directes de cette instabilité prolongée et ont un impact durable notamment pour les jeunes, qui se retrouvent sans opportunités et sans perspectives », a expliqué l'experte africaine.
Le retrait du Mali du G5 Sahel, un pas en arrière pour la région
Selon la haute responsable onusienne, la décision des autorités de transition maliennes, le 15 mai dernier, de se retirer du G5-Sahel et de sa force conjointe « est à la fois malheureuse et regrettable ».
Elle a rappelé que la Force conjointe du G5-Sahel avait été créée par les chefs d'État du G5, portés par une vision commune et leur volonté « de prendre leur destin en main et de lutter frontalement contre le terrorisme au Sahel ».
« Les dynamiques politiques et sécuritaires difficiles au Sahel, et les résultats incertains des transitions au Mali et au Burkina Faso en particulier, ont déjà eu un impact sur l'opérationnalisation de la Force conjointe du G5-Sahel, qui s'est considérablement ralentie », a dit Mme Pobee, signalant que depuis plus de six mois, le G5 Sahel n'avaient pas convoqué de réunion politique de haut niveau et que son Comité de défense et de sécurité ne s'était pas non plus réuni.
Elle s’est felicitée des efforts déployés par le commandant de la force conjointe, le général Bikimo, pour continuer à planifier et à mener des opérations de la force conjointe, notamment dans le secteur Centre englobant les pays du Liptako-Gourma, la région la plus touchée par la propagation du terrorisme, « toutefois sans la participation des bataillons maliens », a-t-elle ajouté.
Mme Pobee a affirmé que l’impact du retrait du Mali sur l'organisation et la dynamique de la région reste à voir, mais qu’il s’agit « très certainement d'un pas en arrière pour le Sahel ».
La MINUSMA a fourni un soutien à la force conjointe et continuera tant qu'elle en sera mandatée par ce Conseil.
« La Mission a travaillé avec des contractants pour livrer des consommables de survie aux contingents de la Force et honorera les demandes de soutien reçues par les quatre autres contingents en dehors du Mali ».
Cependant, et comme le Secrétaire général de l'ONU l'a noté dans son rapport, « la détérioration de la situation des droits de l'homme dans la région est très préoccupante, au vu des rapports faisant état de graves violations commises contre des civils, à la fois par des groupes armés terroristes mais aussi, selon certaines informations, par les forces armées et de sécurité de la région », a déclaré la diplomate ghanéenne, appelant « plus que jamais », les pays de la région à intensifier leurs efforts pour faire respecter et protéger les droits de l'homme.
Elle a averti que, malgré le défi unique d’avoir à déraciner des groupes terroristes « souvent profondément enracinés dans les communautés », qui rend les opérations de lutte contre le terrorisme extrêmement difficiles à mener », il importe de préserver les civils lors de ses opérations.
« Si les civils sont victimes de ces opérations, ces efforts seront vains. Non seulement ils causent une souffrance humaine incommensurable, mais ils sapent sérieusement la confiance dans l'État et alimentent le cercle vicieux de la radicalisation », a-t-elle expliqué devant les Quinze.
Mener à bien les transitions au Mali et au Burkina Faso rapidement
Mme Pobee a également souligné la nécessité d’adopter une approche holistique, « qui honore la primauté de la politique, qui s'attaque aux causes profondes de la pauvreté et de l'exclusion et qui cherche à offrir des opportunités et une vie épanouie aux nombreux jeunes de la région ».
« Pour ce faire, l'État doit être plus proche de la population et ne faire qu'un avec elle en fournissant la sécurité et les services de base aux communautés de la périphérie également », a-t-elle dit.
« Il sera crucial que les parties prenantes de la région parviennent à un consensus sur la meilleure façon de mener à bien rapidement les transitions au Mali et au Burkina Faso, et d'une manière qui réponde aux doléances des populations de chaque pays », a estimé la Sous-Secrétaire générale, les appelants également « à surmonter leurs différences et maintenir le dialogue afin de poursuivre leurs objectifs de sécurité communs ».
« Nous restons fermement résolus à soutenir la région et le G5-Sahel dans cette entreprise », a affirmé la haute responsable onusienne.

Mme Pobee a appelé à « repenser les approches » et changer « la façon dont nous faisons notre travail », avec « des approches innovantes face à l'évolution constante des tactiques des groupes terroristes, dont l'influence ne cesse de s'étendre ».
Elle s’est félicitée de l’évaluation stratégique des initiatives de sécurité et de gouvernance au Sahel dans le but de renforcer le soutien au G5-Sahel, à sa Force conjointe et aux autres initiatives dans la région, engagée par l’Union africaine et le Secrétariat de l’ONU.
Selon l’experte africaine, cette évaluation sera menée en étroite collaboration avec la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et le G5-Sahel et portera également sur les moyens innovants de mobiliser des ressources durables pour ces initiatives régionales.
Un panel indépendant de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, présidé par l'ancien président du Niger, S.E. Mahamadou Issoufou, supervisera l'évaluation stratégique indépendante.
« Nous attendons avec impatience les résultats de cette évaluation indépendante et restons convaincus qu'il est essentiel de travailler ensemble pour relever les défis auxquels le Sahel est confronté », a conclu Mme Pobe

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