Hebdomadaire Nigérien d'Analyses et d'Informations Générales

A l’occasion de la journée de l’Enfant africain, le coordonnateur de l’ONG Ecole-Parrainage et Actions de Développement (EPAD Niger) passe en revue les défis et perspectives sur les droits des enfants au Niger particulièrement dans le contexte de la crise sécuritaire dans certaines régions du pays.

Journal L’Indépendant: Demain 16 juin 2021 sera célébrée la journée de l’Enfant africain. 30 ans après l’adoption de la charte africaine pour le bien –être de l’Enfant, quelle lecture faites-vous de la situation des enfants au Niger ?
Moussa Sidikou : Merci bien. Je pense que ce qu’il faut dire par rapport à la situation des enfants Nigériens, ce qu’il y a eu qu’à même des progrès significatifs en terme législatifs, il y a eu l’adoption de beaucoup de politiques nationales.


La ratification de la quasi-totalité des traités régionaux et internationaux relatifs au droit de l’enfant. Mais il y a aussi des projets et programmes qui ont été mis en œuvre. Et tout récemment, il y a qu’à même le projet de décret protégeant la jeune fille en cours de scolarisation en 2017. Il y a eu également le décret portant création des comités villageois de protection de l’enfant et l’existence aussi de la division de la protection des femmes, des enfants et des mineurs au niveau de la police nationale et la gendarmerie nationale, avec ça, je pense qu’on a enregistré des avancées notables. Par contre, il y a des défis, au nombre de ces défis-là, on a toujours pas une définition consensuelle de l’enfant, au niveau par exemple du code civil en son article 144, l’âge du mariage d’enfant est fixé pour la jeune fille à 15 ans. Au niveau du code civil, toujours il est dit clairement que pour exercer la profession du commerce, il faut avoir un âge compris entre 21-25 ans, au niveau par exemple de la majorité pénale, c’est pareil, je pense qu’il y a nécessité d’harmoniser le cadre juridique national. En plus de cela, je pense qu’il y a aussi des questions de la coutume, c’est-à-dire, la coexistence du droit positif et de la coutume qui fait qu’aujourd’hui, beaucoup des questions au niveau national sont du ressort de la coutume, ce qui ne pas du tout favorable à la promotion de droit de l’enfant.
Le Niger a ratifié plusieurs conventions relatives aux droits de l’Enfant à savoir la CDE, la Charte africaine pour le bien-être et les droits de l’Enfant, et à adopter plusieurs lois sur le plan national. Malgré tout, la situation des enfants n’est guère reluisante. La mendicité et le mariage des enfants persistent. Qu’est-ce qui explique cet état des faits et comment y remédier ?
Moussa Sidikou : Il y a non seulement comme je l’ai dit tantôt les pesanteurs socioculturelles qui font qu’il y a des considérations qui font que les gens on cette aptitude à dire que c’est la coutume et cela n’est pas favorable souvent à la question de droit de l’enfant. La deuxième chose, c’est aussi le vide juridique, on prend par exemple le cas de la mendicité et aujourd’hui tout celui qui fait travailler un enfant à travers la mendicité doit être normalement suivi mais on sent souvent que les parquets ont de la peine à faire des poursuites pour ce qui font malheureusement ce genre des pratiques. Donc on a un problème d’application de la loi, la loi n’est pas suivie dans toute sa rigueur ce qui fait qu’il y a qu’à même du laissé aller. L’autre chose, c’est la question des ressources, il n y’a pas assez des ressources dans les secteurs sociaux de base qui sont à même de protéger l’enfant. Par exemple aujourd’hui, les écoles coraniques ne sont pas réformées, n’importe quel marabout peut s’élever pour créer son école coranique sans aucun curricula. Il y a aussi la question de l’insécurité et la Covid-19 et les changements climatiques qui ont été affectées beaucoup de familles et les ont rendus vulnérables et du coup, la vulnérabilité des familles se reflète chez les enfants. Même au niveau de l’Etat avec l’insécurité, la plupart de nos ressources qui doivent aller à la protection de l’enfant notamment, l’éducation et la santé sont utilisées malheureusement dans l’effort de guerre. Voilà un peu ce qui explique ces pratiques.
Le thème de cette année est « 30 ans après l’adoption de la charte : accélérons la mise en œuvre de l’agenda 2040 pour une Afrique digne des enfants ». Pensez-vous que les pays africains et le Niger seront au rendez-vous de 2040?
Moussa Sidikou : Sans être pessimiste, je pense que ça risque d’être la même chose avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), je ne pourrai pas à priori dire que nos pays ne pourront pas être au rendez-vous parce que, cet agenda 2040 est articulé autour de dix (10) aspirations. Or, il y a deux aspirations qui me semblent assez importants, l’aspiration qui dit que chaque enfant qui est né doit être déclaré. Alors qu’au Niger, seulement six (6) enfants sur dix (10) sont déclarés et les quatre (4) ne le sont pas et une autre aspiration qui parle de la question d’une éducation de qualité. Au Niger à peine 8 % des enfants, qui après avoir passé 6 ans de cursus scolaire, ont un niveau acceptable en lecture et écriture. C’est pour vous dire à ce niveau, qu’il y a beaucoup d’effort à faire et je ne dis pas que c’est impossible mais je pense que c’est un travail titanesque.
Indépendant Plus: La situation sécuritaire dégradante au Sahel a selon le ministère de l’éducation nationale privé 34000 élèves de leur scolarité soit près de 400 écoles fermées rien que dans la région de Tillaberi. En tant qu’organisation de protection des droits de l’Enfant, comment comptez-vous aider l’Etat à mieux garantir les droits des enfants ?
Moussa Sidikou : En tout cas la protection de l’enfant incombe en premier, au chef de famille mais dans le contexte de l’insécurité, ces enfants sont dans une situation des déplacements internes avec leurs parents. Le protocole de Kampala est très clair, l’Etat à l’obligation de faire suivre ces écoles-là, partout où les enfants sont en situation de déplacement. Nous en tant qu’organisation de la société civile, notre rôle, c’est d’aider l’Etat non seulement à travers des actions directes, mais on peut aussi contribuer avec des ressources pour la création d’une école ou l’animation des espaces amis d’enfants par exemple pour un peu déstresser l’enfant face à certains chocs. Nous pouvons également à travers le CAPED (le Centre d’Animation Pédagogique) remonter le niveau académique des enseignants. Nous pouvons faire aussi le plaidoyer pour que les partenaires puissent aider l’Etat à construire des écoles et les équipées. Je pense que ces deux actions collectives sont nécessaires à ce niveau-là, parce que face à la situation humanitaire, l’Etat à lui seul n’a pas ces ressources-là.
Indépendant Plus: A l’occasion de la rencontre des partenaires de l’école avec le président de la République, S.E.M Mohamed Bazoum a annoncé le rehaussement du budget alloué à l’éducation à 22% du budget général de l’Etat. Comment avez-vous trouvé cette annonce ?
Moussa Sidikou : C’est avec joie parce que pour nous l’engagement ou la bienveillance d’un Etat vis-à-vis de ses enfants doit se manifester par son engagement budgétaire.
Il y a d’abord le cadre qui n’est plus attractif, il y a aussi la qualité de l’enseignement qui laisse à désirer et je pense injecter 22% du budget dans l’éducation, c’est quelque chose que nous pouvons saluer.
Les enfants, c’est d’abord le futur de l’humanité et nous n’avons pas d’excuse à ne pas garantir leur éducation surtout que le monde est devenu planétaire. Nous sommes aujourd’hui dans notre espace en Afrique, où, on parle de la Zlecaf, c'est-à-dire, la suppression des frontières, donc il faut que le capital humain que constituent les enfants, puisse bénéficier des investissements conséquents dans ce secteur.

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