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Niger : la croissance démographique plombe les efforts de développement

Face à l’inadéquation entre croissance économique et croissance démographique, le Gouvernement du Niger décide de la création de l’Office nigérien de la population. Objectif : permettre au pays, régulièrement classé dernier au classement mondial de l’Indice de développement humain (IDH), d’amorcer sa transition démographique. Regards croisés sur un facteur qui tire l’économique du Niger vers le bas.
Au Niger, la maîtrise de la démographie reste au centre de préoccupations des différents gouvernements. Avec une population estimée à 24,21 millions d'habitants en 2020, le Niger est l'un des pays où le taux de croissance démographique est des plus élevés. « La croissance rapide de la population contrarie les capacités d’épargne des familles puisqu’en raison de la forte proportion de jeunes qu’elle implique, le taux de dépendance reste trop élevé », a déploré le Gouvernement. Selon une étude de la Banque Mondiale, une fécondité élevée pose des risques pour la santé des enfants et de leurs mères, nuit à l’investissement dans le capital humain et anéantit l’impact de la croissance économique.


La création de l’Office nigérien de la population (ONP) intervient en vue d’amorcer la transition démographique « qui constitue un axe fondamental de la politique du Gouvernement ». L’ONP, logé à la Présidence de la République du Niger, a pour mission principale, la maitrise de la croissance démographique et la capture du dividende démographique. « Il s’agira de manière spécifique pour l’ONP d’élaborer et de mettre en œuvre, à travers les Ministères sectoriels concernés, une politique et une stratégie d’accompagnement de la transition démographique », indique le Gouvernement.
Poids démographique diversement apprécié
La forte croissance de la population reste, selon le Gouvernement, à la base du classement peu honorable du pays dans l’IDH du PNUD. « Le Gouvernement a fourni d’énormes efforts, malheureusement ils sont absorbés par la forte croissance démographique », déplorait Mohamed, Bazoum alors ministre des Affaires étrangères. « La population est certes là, mais c’est le sous-secteur de l’éducation qui a fait chuter le classement du Niger », explique Sani Oumarou, directeur des études démographiques et statistiques à l’INS.
Selon une étude financée par la Banque mondiale au Niger, la croissance démographique a été le tout premier défi posé au développement du pays et identifié comme telle dans l’élaboration des différents programmes de développement, notamment la stratégie de réduction de la pauvreté. L’ancien président de l’Assemblé nationale et opposant du régime du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS TARAYYA), Hama Amadou, a une autre lecture de la situation. « La forte démographie dans un pays a plutôt un aspect positif », relève-t-il. « Elle constitue un potentiel humain dont il a besoin pour réformer son agriculture et nourrir décemment sa population », ajoute-t-il.
Pour l’acteur de la société civile, Moussa Tchangari, « toute la population du Niger fait quelque part la population d’une seule ville. Nos problèmes ne sont pas liés à la démographie, mais à la gestion des ressources du pays ». Il reconnait cependant que la population du Niger croit à un rythme accéléré. « A ce rythme, la population nigérienne va beaucoup croitre dans quelques années. Au rythme du développement économique du pays tel qu’il est géré actuellement, la projection qu’on peut faire à partir du taux de fécondité, on peut dire que ça peut être un problème ».
Il apparait évident que la principale menace pour le Niger reste la forte croissance de sa population qui s’explique par le niveau très élevé de sa fécondité. Cela résulte de multiples pesanteurs sociales qui déterminent le comportement reproductif actuel de la population, notamment le mariage précoce, la religion, le genre et la pauvreté.
« Il est normal dans ces conditions que l’évolution du PIB par habitant soit plus lente chez nous que dans les pays qui ont créé les conditions de leur transition démographique », constatait Issoufou Mahamadou alors président de la République du Niger. En effet, le taux d’accroissement du PIB réel est d’à peu près 4,1%. Pour l’ancien président de la République, cette forte démographie pèse sur l’évolution du PIB par habitant. « Rien que pour garder le PIB par habitant contant, notre pays doit réaliser, dans les conditions démographiques actuelles, un taux moyen de croissance annuelle de 4%! », a-t-il fait remarquer.
Pour mémoire, le Niger a enregistré ces dernières années des taux de croissance économique parmi les plus élevés au monde. Le taux moyen de croissance économique 2011-2020 est d’environ 6%. « L’impact de ce taux de croissance serait ressenti par la population si la croissance démographique avait été maitrisée au cours de la même période », a déploré le Gouvernement.
Des opportunités pour relever le défi
Il reste que le pays dispose de fortes opportunités pour réussir son programme de planification familiale qu’il convient de mettre en œuvre afin d’atteindre les objectifs fixés. Il s’agit, selon le document de Planification familiale dans son plan d’action de 2018, de l’Initiative de Planification familiale 2020 ; de l’existence des acteurs du Partenariat de Ouagadougou ; l’engagement des partenaires techniques et financiers ; la priorité accordée à la santé des adolescents et jeunes par l’ensemble des partenaires et le développement de nouvelles approches d’offre des services de planification familiale dans le pays et dans la sous-région ouest africaine.
Le Niger peut également se réjouir et compter sur les résultats de l’enquête de base du PMA ( Performance monitoring for action) Niger (Niamey) de décembre 2020 à avril 2021 selon laquelle le taux de prévalence contraceptive moderne pour les femmes en union est passé de 32%en 2018 à 30,18% en 2021.
Relativement aux dynamiques contraceptives au sein du couple, l’étude indique que neuf femmes sur dix (90%) qui utilisent actuellement une méthode contraceptive moderne ont déclaré que leurs partenaires savent qu’elles utilisent la méthode.
En outre, 87% de ces femmes ont déclaré avoir discuté avec leur partenaire de la décision de retarder ou d’éviter la grossesse et près de cinq femmes sur dix (47%) qui utilisent actuellement une méthode contraceptive moderne ont déclaré que la décision d’utiliser la contraception est prise conjointement avec le mari/partenaire.
En somme, la croissance de la population nigérienne peut ainsi booster l’économie nigérienne, notamment par le dynamisme des jeunes biens éduqués et bien formés.

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